Synopsis

Lorsque Victor, roi du pickpocket, et Zoé, jeune femme aux passions dilettantes et à la vie sentimentale désastreuse, entrent en collision, c’est le coup de foudre mais pas pour les bonnes raisons. Zoé croit Victor aveugle. Quelques semaines plus tard, Zoé décide de présenter Victor à son père, Jacques. Parfait aux premiers abords et très bien conservé, Victor est loin de se douter que cette perfection cache un secret monstrueux.

Note d'intention

Le film commencera sur le lever du jour, place de la République. Victor s’introduira dans le cadre et la caméra commencera à le suivre. L’idée est évidemment de faire commencer le film en début de journée pour le finir dans la nuit noire. Mais aussi de commencer sur un symbole fort et la traduction dans le réel de ce symbole : raconter l’histoire d’un enfant terrible de la République. Car c’est travesti que Victor apparaitra en premier lieu, étant en plein exercice d’un de ses tours de passe-passe pour dépouiller les passants.

Enfin, il se transforme en aveugle. Transformation qui doit se faire au détour de trois/quatre plans furtifs pour montrer la facilité et l’assurance du personnage dans ses métamorphoses.

Lorsqu’il vole, nous emprunterons à Bresson la manière qu’il avait de montrer les vols dans Pickpocket : le geste toujours séparé du reste du corps, en très gros plan.

Au milieu de la grisaille ambiante nous ferons ressortir nos personnages, notamment par le choix des costumes. À quelques mètres de lui, sur la même place, Zoé pleure dans les bras de Lila. Elles aussi dans l’ombre de la République. Si Victor est manifestement un enfant terrible, Zoé apparait, elle, comme une enfant perdue, seule.

L’idée est de faire de la place de la République un carrefour où les âmes se croisent sans se toucher, à la manière de Elephant de Gus Van Sant. Ce n’est que sur une autre place, celle des Vosges, plus fermée, que Zoé et Victor entrent en collision (littéralement).

Pour ce début de film, la caméra prendra soin d’être toujours en dessous de Victor, pour coller à son assurance et sa maîtrise, pour le glorifier. A contrario, elle prendra soin d’être au-dessus de Zoé pour coller à sa détresse et son mal-être émotionnel. Cette différence de niveau s’inversera quand Zoé prendra l’initiative de séduire Victor. A partir de ce moment-là, Victor perd le contrôle de la situation. Sa rencontre avec le père de Zoé ne fera qu’empirer les choses.

Le père vit dans une immense demeure, reculée, en campagne. Les deux personnages s’y enfoncent. Nous essaierons de sous-entendre un point de non-retour dans ce trajet, à la manière d’un Shining ou d’un Foxcatcher. Deux films qui prennent le temps de montrer des personnages qui s’enfoncent dans un lieu duquel ils ne reviendront pas. Si la musique dans ces deux films laisse présager d’un drame à venir, nous voulons, pour notre part, ne pas souligner le danger approchant. Homme très séduisant, chasseur hors pair et malade mental, l’intérieur de sa maison contraste avec l’intérieur de l’appartement de Zoé.

Si dans la ville, la surcharge s’exprimait grâce à la densité de la population, c’est par les objets qu’elle se manifestera à la campagne avec un intérieur riche, incarné, surchargé, aux dominantes brunes, boisées avec quelques objets de couleurs vives, comme le rouge.

La salle de chasse contrastera un peu avec le reste de la maison. C’est une morgue : Il congèle ses prises, aussi bien les animaux que les êtres humains.

Dès lors, une fois que l’idée de mort s’est introduite dans le film, l’idée est que l’esthétique s’en ressente aussi. La fausse cécité de Victor, principale source de sa force devient ici son refuge et par la même occasion le point central de la tension dramatique. Les différents tests que le père opère sur Victor sont autant de situations à fort potentiel comique. Mais un comique grinçant car tendu, le personnage étant en danger de mort.

Le regard qui tue

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