Le Projet

L’Amour la nuit est un court-métrage d’une dizaine de minutes, écrit et réalisé par Hugo Michaut, produit par Maïa Kerkour.

Dans une ville écrasée par la chaleur, un matin d’été. Thomas se réveille chez Louis et cherche à l’embrasser. Mais ce dernier refuse : “Je ne peux plus, le Soleil est là.”

L’Amour la nuit est avant tout une histoire de Cinéma. Le souvenir d’une nuit où la chambre de Louis s'est changée en salle de projection, et le corps de Thomas en écran sur lequel il projetait ses fantasmes – en écran de Cinéma ! Comme après un film, le levé du jour est terrible : sorti des ombres, il n’est plus possible d’ignorer l’absence des choses. C’est ce dont il est question dans L’Amour la nuit – ce sentiment d’aimer un fantasme, de croire en la présence de ce qui n’est pas là.

L'Esthétique

Le Texte :

Le film joue avec les codes de la comédie romantique, les détourne : deux jeunes gens s’apprivoisent, se séparent et se retrouvent… Il y est bien question d’un train, de la mer et d’un baiser à la fin. Mais si le film commence là où il devrait finir - au lendemain d’une nuit d’amour -, c’est pour laisser au spectateur le choix du "happyend". La situation initiale, ici idéale, se détraque à mesure que le jour se lève : c’est un conte de fée inversé, une histoire de vampire ou de fantôme dont les monstres sont les fantasmes :

“Un film de canicule, doux-amer, à la frontière du fantastique…”, Maïa Kerkour, productrice du film.

Dès lors, le film adopte deux langages. La nuit, tout est illusion – même les sons et les mots. Comme dans Hiroshima mon amour (texte de Duras) ou le cinéma de Rohmer, la langue s’enrichit pour rappeler au spectateur la supercherie que constitue le Cinéma. A contrario, les scènes diurnes se caractérisent par un langage quotidien, naturaliste, et certaines séquences laisseront aux acteurs la liberté de l’improvisation.

L'Image et le Son :

S’agissant d’un court-métrage, nous n’avons pas de temps à perdre pour être en empathie avec les personnages. Sentir ce que les deux amants à l’écran sentent – une empathie endémique, épidermique, mise en exergue par un rythme atone. Comme dans Mes petites amoureuses de Jean Eustache ou Blissfully Yours d’Apichatpong Weerasethakul, les spectateurs doivent avoir le loisir de déambuler dans l’image, de parcourir la peau des acteurs, d’en imaginer la senteur, la chaleur.

Le son sera également au service de l'immersion. Minutieux, synesthésique - il fixera le regard du spectateur sur de petits détails de l'image : l'instant d'un réveil, le monde entier se résume au lit de Louis et au corps de Thomas. Chaque bruissement de draps, chaque souffle sur la peau doit paraître comme un paysage.

Dictée par une quête d'épure, d'évidence, les mouvements de caméra se résument à de simples panoramiques. On suit du regard, on tourne la tête, mais il fait trop chaud pour que la caméra (le corps du spectateur) se mette en mouvement. Chaque plan doit permettre à l’action de se prolonger. L’utilisation du temps long, de peu d’axes, d’une focale peu variable (entre 35 mm et 50 mm) ou encore de sources lumineuses uniques et vibrantes (souvent le Soleil) suivent cette logique de simplicité tout en acclimatant le spectateur au rythme lent des villes sous canicule.

L'Amour la nuit - le film

L'Amour la nuit - le film